Le best-seller, entre standardisation et singularisation

Mathieu Letourneux

Résumé


Ouvrage dont le succès indique qu’il échappe aux pures logiques sérielles, le « best-seller » fait exception. S’il attire un lectorat exceptionnel, il faut bien que ses lecteurs soient sensibles à ce qui fait son originalité et à la spécificité de son auteur. Certes, cette originalité tend à être appréhendée suivant des modalités très éloignées de celles qui prévalent pour les productions de la littérature légitimée : ce qui est évalué, ce sont d’abord les logiques intertextuelles et architextuelles, l’incarnation de la persona de l’auteur dans l’œuvre, l’émotion suscitée, l’efficacité diégétique et le discours sur le monde. Dès lors, on peut voir dans la lecture des best-sellers un autre usage des textes que ceux qui prévalent pour la littérature restreinte : un usage communicationnel et délibératif, au cœur des dynamiques sociales et culturelles qui font le succès des œuvres. Dans cette perspective, on comprend que leur succès tient à la position qu’ils occupent dans l’espace public à un moment déterminé, qui leur permet d’exprimer, aux yeux du lecteur, l’image de cette collectivité, de ses représentations et des dissensions qui la traversent. Les étudier revient alors à questionner la culture non suivant le paradigme moderniste de la grande œuvre mais à partir de la trame d’une série de récits pensés comme les expressions individualisées des représentations collectives.

Mots-clés


Best-seller ; sérialité ; culture médiatique ; imaginaires sociaux ; légitimité

Texte intégral :

PDF HTML





2012 | Revue critique de fixxion française contemporaine |  (ISSN 2033-7019)  |  Habillage: Ivan Arickx |  Graphisme: Jeanne Monpeurt
Sauf indication contraire, textes et documents disponibles sur ce site sont protégés par un contrat Creative Commons CClogo